L'actu en quelques titres...
Sois jeune et tais-toi : réponse à ceux qui critiquent la jeunesse de Salomé Saqué (Payot - 9€)
«Jamais une génération n’a été comme la mienne au pied du mur.» Les jeunes seraient «paresseux», «incultes», voire «égoïstes et individualistes». Ces jugements négatifs répétés à l’envi par une partie des plus âgés sont non seulement infondés, mais surtout délétères pour l’ensemble de la société. Ils omettent que les politiques publiques tournent le dos aux jeunes, que ces derniers rencontrent des difficultés plus rudes que leurs aînés à l’entrée dans la vie professionnelle, que le chômage les guette même à la sortie de longues études, que le changement climatique compromet leur avenir et que la dernière pandémie leur a volé leurs plus belles années. Pour ces raisons, rigoureusement documentées dans ces pages, la voix des jeunes est essentielle, et leurs aînés doivent urgemment prêter attention à leurs difficultés. C’est là toute l’ambition de ce livre: contribuer d’une part à ce que les voix portent, d’autre part à ce que les oreilles entendent. Salomé Saqué a 28 ans. Elle est journaliste pour le média en ligne Blast.
Vive les communs numériques ! Logiciels libres, Wikipedia, le Web, la science ouverte, etc. (Préface de Gérard Berry) de Serge Abiteboul et François Banchillon (Odile jacob - 24,90€)
Nous nous sommes habitués depuis longtemps à vivre dans une société accordant une place importante à la propriété privée. Pourtant, depuis toujours, les humains ont appris à gérer collectivement des ressources, à les partager. On parle alors de communs: des ressources partagées, gérées et entretenues collectivement par une communauté qui établit leurs règles d’utilisation. Les communs trouvent dans le numérique une puissance incroyable avec de superbes réussites comme Wikipédia, les logiciels libres, Open Food Facts, ou la science ouverte.
Pourquoi le numérique est-il si bien adapté aux communs? D’abord, parce qu’un bien numérique est a priori non rival: sa consommation par un agent n’a pas d’effet sur la quantité disponible de ce bien pour les autres individus. Et puis, parce que le numérique facilite les échanges entre les personnes, et ouvre de nouveaux espaces à des partages massifs de données, d’informations, de connaissances. Toutefois, en dépit de leurs brillantes réussites, les modèles économiques des communs numériques sont parfois fragiles, leurs gouvernances délicates, et la coexistence avec le monde du privé ne va pas sans frictions. Ce livre explique ce que sont les communs numériques, analyse leur viabilité économique et les motivations des acteurs, imagine leur futur.
Espionner, mentir, détruire : Comment le cyberespace est devenu un champ de bataille de Martin Untersinger (Grasset et Fasquelle - 24€)
Berkeley, 1987, Clifford Stoll découvre une incroyable toile de hackers qui ont pénétré les systèmes informatiques de l’armée américaine. Iran, 2010, un ordinateur s’éteint, et le virus Stuxnet prend le contrôle à distance de dizaines de centrifugeuses et.. les détruit. France, 2012, une campagne de cyber espionnage chinois contamine les plus hauts lieux du pouvoir grâce à l’envoi de courriels presque parfaits. Quelques années plus tard, le logiciel Pegasus est découvert sur les portables sécurisés de nos plus grands dirigeants. La sécurité informatique était une arrière-pensée, ou un sujet de série d’anticipation: elle est aujourd’hui au cœur de notre réflexion politique, stratégique et militaire.
Dans ce récit brillant élaboré au plus près du terrain, Martin Untersinger nous révèle la grande histoire du cyber et ses petits secrets, et nous donne les clés pour comprendre les frontières du cyberespace, aussi floues que son cadre légal. Derrière les noms étonnants ou poétiques (NotPetya Turla, Wannacry, Medoc, FireEye, APT29, Dalia), des êtres d’exception, des légendes, des secrets… On croise ainsi un expert de parkour urbain et de pirates informatiques chinois ; une dame discrète arborant un collier de perles, cheffe du temple le mieux gardé de la NSA ; un général d’armée anciennement pilote d’hélicoptère et espion, et plusieurs membres de la DGSE ; des pirates américains, turcs, russes, israéliens et bien sûr français… On voit les plus grandes agences de renseignement et les meilleurs informaticiens se mobiliser. Car le cyberespace est un monde différent, où les alliés qui se comptent sur les doigts d’une main peuvent, en quelques frappes sur un clavier, se transformer en redoutables adversaires. Une plongée inédite dans les entrailles d’une guerre mondiale, silencieuse, dangereuse, évidemment mortelle.
L’Empire de la surveillance : Deux entretiens avec Julian Assange et Noam Chomsky d’Ignacio Ramonet (Folio - 8,30€)
Les révélations d’Edward Snowden ont permis de découvrir que notre vie privée est menacée par la surveillance et l’espionnage de masse auxquels nos outils technologiques, censés à l’origine élargir notre espace de liberté, nous soumettent tous. Internet et sa révolution numérique profitent en premier lieu à cinq entreprises privées américaines - Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft - qui s’enrichissent en exploitant nos données personnelles, qu’elles transfèrent en continu à la NSA, la plus puissante des agences américaines de renseignement. Simultanément, prétextant lutter contre le terrorisme, des gouvernements - y compris parmi les plus démocratiques - n’hésitent plus à enfreindre leurs propres lois pour mieux espionner et contrôler leurs citoyens. Dans une postface inédite, Ignacio Ramonet souligne l’accélération de ce phénomène lors des épisodes de frayeurs collectives, permise par les applications rendues quasi obligatoires pour limiter la propagation d’un virus. L’auteur décrit ici l’alliance - État, appareil militaire de sécurité, industries géantes du Web - qui a produit cet empire de la surveillance qui défie les citoyens, restreint leurs droits civiques et met en péril une certaine conception de la démocratie.
Surveillance:// les libertes au defi du numerique: comprendre et agir de Tristan Nitot (C&F - 19€)
Tous nos pas dans le cyberespace sont suivis, enregistrés, analysés, et nos profils se monnayent en permanence. Comment en est-on arrivé là? Les évolutions techniques ont permis à plus de quatre milliards d’internautes de communiquer, de rechercher de l’information ou de se distraire. Dans le même temps, la concentration des acteurs et les intérêts commerciaux ont développé une industrie mondiale des traces. Les États se sont engouffrés dans cette logique et ont mis en œuvre partout dans le monde des outils de surveillance de masse. Le livre de Tristan Nitot porte un regard lucide et analytique sur la situation de surveillance; il nous offre également des moyens de reprendre le contrôle de notre vie numérique. Comprendre et agir sont les deux faces de cet ouvrage, qui le rendent indispensable à celles et ceux qui veulent défendre les libertés dans un monde numérique.